jeudi 11 septembre 2008

Mes 2 Premiers Mois - Mes ateliers préférés

Mes ateliers préférés

La poussette, le mobile, le tapis d’éveil ou le transat, tout ça, c’est bien, mais ça ne vaut pas les bras ou l’attention de mes proches. Parmi mes ateliers favoris, le bain en est un privilégié. Dès qu’on me déshabille ou que j’entends l’eau couler, je m’agite et je suis content. Souvent, à ce moment-là, Maman me chante des chansons. Je lui réponds par des sourires.

D’abord, on me lave sur ma table, puis on me plonge dans ma baignoire pour me rincer. Là, je me détends, je m’étire les jambes, je suis heureux. J’adore qu’on m’arrose le ventre, ça me fait rire aux éclats. Malheureusement, ça ne dure pas longtemps, quelques minutes à peine, car ma peau est fragile.

Le soir ou après le bain, parfois, Maman me fait des massages. Ça aussi, j’adore ! Surtout les massages des pieds. Maman a des mains chaudes qui me relaxent. Je la dévisage et je m’étire pour lui montrer comme je suis un cador. Je cherche à lire ce que me dit son visage.

De manière générale, les visages me passionnent plus que n’importe quel objet sophistiqué et coloré qui bouge en faisant d la musique. Je préfère les objets qui ont une âme aux objets qui en sont dénués. Moi aussi j’ai une âme, car je suis un petit d’homme. Avec mes objets inanimés, j’apprends les formes et les couleurs, mais avec les visages, j’apprends bien plus ; j’y lis dans la riche palette des émotions humaines. Je sens bien mieux que les adultes les états d’âme par lesquels passent mes interlocuteurs : joie, tristesse, stress, angoisse, inquiétude, bien-être, détresse, colère, affection, haine, etc. Non seulement, je les sens, mais j’y suis très sensible. Cela veut dire qu’elles se communiquent à moi aussi certainement que je les sens. Si mes parents s’angoissent ou s’inquiètent, je suis moi-même inquiet, agité et je n’arrive pas à trouver le sommeil. Si on fait preuve d’impatience à mon égard, j’ai d’autant plus besoin d’attention et d’affection. Idem si l’on n’est pas vraiment disponible pour moi ou préoccupé par autre chose. Plus vous cherchez à vous débarrasser de moi, plus je recherche votre présence. Plus vous êtes mal à l’aise avec moi, plus je vous rendrai la vie difficile.

Vous me direz que je ne suis pas peu intelligent si j’arrive à lire tout cela sur un visage. Attention, que ceux à qui la philosophie donne des boutons, sautent ce paragraphe. Mais, il n’y a pas que votre visage ou votre regard qui me permettent d’y lire votre disposition d’âme. Il y a aussi le ton de votre voix – d’ailleurs, si vous ne parlez pas vrai, je sais aussitôt qu’il y a anguille sous roche – la façon dont vous me tenez, la nature de vos caresses, votre démarche, le rythme de votre pas, etc. Votre comportement contient tous les signes par lesquels je déchiffre vos états d’âme. Ces signes me permettent de vous comprendre plus sûrement que n’importe quelle parole ou mot que vous prononceriez pour les décrire. Et dire qu’on a longtemps cru que les bébés ne pensaient pas ! On disait : « les bébés n’ont pas d’idées puisqu’ils ne parlent pas ». Cela vient sans doute du fait qu’on a souvent confondu la pensée et le logos, la pensée et la rationalité. Or, le verbe, le dit, le mot, la réflexion, la pensée argumentée, bref, tout ce qu’on entend sous le terme de rationalité n’épuise pas tout le champs de la pensée. Les perceptions et les émotions ne sont-elles pas déjà des idées ? Et, avoir des idées, n’est-ce pas cela penser ? Vous m’objecterez que penser, c’est d’abord être un « je ». Dans le « je pense, donc je suis », il y a un je, un individu, une conscience. Il n’y aurait alors qu’avec la naissance de la conscience que naîtrait la pensée véritable. Pour moi, je dirai qu’il n’y a qu’avec la conscience que naît la pensée rationnelle. Mais avant cela, il y a mes cris, mes pleurs, mes gazouillis, mes sourires, mes soubresauts de jambe qui vous parlent. Autant de signes extérieurs qui font sens et me placent d’emblée dans la catégorie des êtres qui pensent et qui développent, dès la vie utérine, intelligence et langage.

Je suis certain qu’avec le développement de votre rationalité, vous les avez oubliés, vous adultes, ces signes extérieurs qui disent les sentiments et les émotions. Vous ne savez plus bien lire comme moi sur les visages. Vous faites bien trop confiance à votre logos et vous rabaissez ces sentiments et émotions à la part animale de l’homme, la traitant comme une part indigne de votre humanité. Combien donneriez-vous pour savoir déchiffrer à nouveau aussi bien que moi les dispositions d’âme ? Pour revenir en arrière, avant ce stade rationnel qui a obscurci votre conscience ? Quittez parfois le champs de votre gai savoir imbu de logos et oser retrouver et écouter ce langage originel qui vous a fait homme. Au moins de temps en temps.

Je vous laisse à ces réflexions…tout en vous promettant de ne pas être aussi grave dans chacun de mes messages. La prochaine fois, vous aurez droit à une chronique plus légère de mes péripéties quotidiennes.
A ciao, bonsoir !

Paul.

1 commentaire:

Véro a dit…

quelle papinette!dis-donc ,quand tu t'y mets, tu en as des choses à dire...mais c'est super sympa.
Gros gros bisous de ta tantinette